Que savons-nous aujourd’hui sur le burnout parental ?
Dans mes articles précédents, je me suis beaucoup penchée sur le burnout professionnel car celui-ci est davantage observé et (re)connu et que les études, recherches et résultats remontent au début des années 1980 nous donnant ainsi un recul plus important.
Les recherches qui sont liées au burnout parental sont relativement récentes. On observe cependant une explosion de celles-ci depuis 2017-2018. On sort donc du contexte professionnel pour analyser à présent les causes et les symptômes du syndrome de l’épuisement parental. Les facteurs déclencheurs sont différents d’un contexte à l’autre, mais vous verrez plus loin que les symptômes observés dans le job burnout (ce que Christina Maslach appelle « la triade du burnout ») sont presque identiques.
La Triade du burnout :
- épuisement émotionnel,
- déshumanisation,
- baisse du sentiment d’efficacité personnelle
Les trois composantes ainsi observées, quantifiées et regroupées conduisent au diagnostic médical du burnout.
La parentalité au XXIème siècle
La parentalité est devenue au cours des deux dernières décennies plus complexe et davantage stressante. Les changements sociologiques n’y sont pas étrangers non plus, les rôles de la femme et de l’homme ayant beaucoup évolué.
La femme du XXIème siècle
Elle mène aujourd’hui une vie professionnelle qui – si elle n’est pas dans tous les cas accomplie – l’amène à devoir souvent jongler avec les autres aspects de sa vie et ce, de façon probablement très différente de ce que faisaient sa mère et avant elle, sa grand-mère. La femme du XXIème siècle doit donc gérer à côté de sa vie professionnelle, tous les aspects liés à sa vie de mère et à sa vie d’épouse.
L’homme du XXIème siècle
Il n’est pas sans reste. Sa vie à lui a très fort changé aussi. De géniteur et de patriarche, il a dû rapidement évoluer dans un nouveau rôle : celui de « papa-poule » et cela sans avoir de modèle de qui s’inspirer. Il doit donc tout inventer. L’homme du XXIème siècle est également invité à adopter sa part de « féminité » qui est en lui. De quoi lui faire perdre ses repères… si pas les pédales ! (Le Vif, https://bit.ly/2HrSOJ5)
Rajouter d’autres aspects de notre vie « moderne », comme les divorces, les familles monoparentales, les familles recomposées, et vous obtenez un cocktail détonnant où se côtoient sentiments d’insécurité au niveau financier mais aussi au niveau émotionnel ; le tout affectant un équilibre déjà très précaire du fait de la complexité du noyau familial au quotidien. Ici aussi, dans cette nouvelle organisation de la vie, le stress chronique parental, sur fond de batailles juridiques, affecte les repères parentaux et augmente les facteurs déclencheurs du burnout.
Mais c’est quoi le burnout parental alors ?
Il s’agit d’un trouble provoqué chez un parent sous l’effet prolongé du stress sans disposer des ressources suffisantes pour y faire face (= coping mecanism). C’est-à-dire qu’il y a un déséquilibre évident et prolongé entre la situation vécue (= les facteurs déclencheurs) et les ressources (= les facteurs pouvant diminuer le stress).
Quels sont les symptômes ?
Chez le parent présentant les signes d’un burnout parental, on observe :
– Un épuisement dans son rôle de parent : le parent a le sentiment de ne plus pouvoir faire face à la situation, d’être au bout du rouleau. Il est épuisé émotionnellement, physiquement et psychiquement.
– Une perte de plaisir dans le rôle de parent.
– Une distanciation affective d’avec les enfants : lorsque le parent est vidé, au bout du rouleau, il n’a plus l’énergie de s’investir dans la relation vis-à-vis de ses enfants, il ne s’implique plus (autant) qu’avant dans l’éducation, il n’arrive plus à faire preuve d’empathie, il devient froid et distant. Dans certains cas, il peut même faire preuve de négligence grave et/ou de violence verbale ET physique,
– Un contraste entre ce que le parent voudrait être et ce qu’il est devenu. Il ne se reconnaît plus, ce qui entraîne une très grande souffrance, une perte de repères et un énorme sentiment de culpabilité.
Les conséquences
Elles peuvent être dramatiques si le parent qui souffre du syndrome d’épuisement ne peut pas se faire soigner (pour des raisons pécuniaires ou culturelles/ philosophiques) ou ne veut pas se faire soigner (car il est dans le déni total).
Quelles sont les conséquences observables ?
– Pour le parent lui-même d’abord :
Les effets du stress chronique auquel il est soumis a des conséquences néfastes sur sa santé mentale, psychique et physique (par exemple : les premières addictions peuvent se mettre en place rapidement : consommation d’alcool, de médicaments comme des somnifères, des anxiolytiques, …).
– Pour le conjoint aussi :
Les conflits augmentant, l’équilibre du couple est menacé. Si la situation se dégrade et aucune prise en charge n’est envisagée par l’une ou l’autre des parties concernées, cela peut mener à de la violence conjugale et à un divorce.
– Pour les enfants évidemment :
Les comportements négligents voire violents à leur égard augmentent. Sans oublier que dans ce contexte sociétal actuel, de l’enfant dépend le bonheur des parents. L’enfant peut donc perdre son individualité et sa responsabilité puisqu’il doit bien réussir à l’école, être parfait, etc.
Les parents : réceptacles des pressions sociétales et sociologiques
L’enfant n’a pas toujours été au centre des préoccupations ni de ses parents ni de la société. « Si la parentalité est devenue digne d’intérêt, c’est parce qu’on accorde aujourd’hui une importance toute particulière au bien-être de l’enfant et qu’on pense que les parents jouent un rôle déterminant dans son développement et sa santé mentale » (« Le burnout parental : comprendre, diagnostiquer et le prendre en charge »p 24, https://bit.ly/2SxXOlG).
Ainsi repose sur les épaules des parents les désirs profonds de perfection et d’accomplissement dictés par une société ne laissant aucune place à l’erreur, le tout sur des modifications profondes de nos repères économiques très volatiles. Être parent est ce qu’il y a de plus beau et de plus gratifiant… mais le prix à payer pour certains en vaut-il vraiment la chandelle ? Est-ce tenable d’être ce « parent positif »? Sous la pression de la perfection, d’un système d’éducation où l’enfant est le centre de toute la vie, comment redonner du sens à sa vie personnelle et à sa vie de couple ? Comment redonner à ces aspects leur juste place ?
Comment trouver un équilibre personnel sans se perdre dans la jungle des injonctions qui nous poussent à être à tout prix un « parent positif et parfait »?
En entreprenant un voyage sur soi-même, en allant voir des professionnels de la santé (médecins et psychiatres), seuls habilités à poser un diagnostic médical, il y a des pistes, des solutions, pour rétablir cet équilibre.
En conclusion il est indispensable de tirer la sonnette d’alarme lorsqu’on se sent couler, lorsque la souffrance devient difficile à gérer. Un accompagnement chez un.e psychologue ou psychothérapeute (seul.e et en couple) pour accepter, analyser et apprendre à gérer plus efficacement son propre besoin de perfection, ses désirs de réussite personnelle (et donc, ceux placés sur les épaules de ses enfants), ses peurs et ses insécurités, jettent les bases d’une nouvelle vie plus équilibrée pour tous les membre du noyeau familial.
Je vous remercie d’avoir pris le temps de lire cet article et d’entamer peut-être un travail sur vous pour aller mieux et retrouver un équilibre dans votre vie personnelle et familiale. Pour l’écrire, je me suis inspirée en partie de mes nombreuses observations et lectures et particulièrement du livre « Le burnout parental : comprendre, diagnostiquer et le prendre en charge » d’Isabelle Roskam, Moïra Mikolajczak, paru chez Carrefour des Psychologue, Mars 2018.
N’hésitez pas à revenir vers moi avec vos réflexions, vos expériences. Cela fait grandir mon expérience en tant que femme et que coach. Car sans cela, qui suis-je ?